Le Saint-Empire romain germanique est alors un territoire meurtri. Depuis plus de dix ans, la guerre de Trente Ans a ravagé les campagnes : villes brûlées, populations massacrées, récoltes détruites. La mémoire du sac de Magdebourg, en mai 1631, est encore fraîche : près de 20 000 habitants protestants y furent massacrés par les troupes impériales et catholiques de Tilly. La nouvelle de ce carnage a bouleversé toute l’Allemagne et convaincu de nombreux princes hésitants de se rallier au camp protestant.
C’est dans ce contexte que surgit le roi de Suède, Gustave II Adolphe, surnommé le lion du Nord. Fin stratège, il incarne l’espoir protestant. En face de lui, l’armée impériale de Tilly, forte de son prestige et de son expérience, avance avec l’assurance d’un commandant invaincu depuis plus d’une décennie.
Les armées en présence
Les Impériaux : environ 35 à 40 000 hommes, organisés en tercios, ces immenses blocs denses de piquiers et de mousquetaires, réputés invincibles depuis plus d’un siècle. Leur force réside dans leur discipline, mais leur rigidité les rend vulnérables aux nouvelles tactiques.
Les Suédois et Saxons : environ 42 000 hommes, dont 23 000 soldats de Gustave Adolphe et 18 000 alliés saxons. Les Suédois innovent : artillerie légère, manœuvres rapides, brigades d’infanterie flexibles. C’est une armée moderne, pensée pour la mobilité et l’efficacité.
La bataille
Le 17 septembre 1631, près du village de Breitenfeld, les deux armées se font face.
Dès le matin, l’artillerie suédoise, mieux organisée et plus mobile, domine le champ de bataille. Les boulets frappent les lignes impériales avec une précision et une rapidité inédite.
Sur l’aile gauche, les troupes saxonnes cèdent rapidement. Les hommes fuient, laissant un vide béant. Dans toute bataille classique, cela aurait signifié la défaite immédiate. Mais Gustave Adolphe démontre sa supériorité tactique : il redéploie ses brigades, comble la brèche, et stabilise le front.
Les cavaliers suédois multiplient les charges rapides, frappant puis se retirant, harcelant sans relâche les forces impériales. Peu à peu, l’armée de Tilly s’enlise, incapable de manœuvrer. Puis, au plus fort des combats, Tilly lui-même est grièvement blessé. Le moral impérial s’effondre. La déroute devient inévitable.
À la fin de la journée, l’armée impériale est brisée. Près de 7 000 morts jonchent le champ de bataille, et 6 000 autres hommes sont faits prisonniers.
Les conséquences
La victoire de Breitenfeld change tout :
Militairement, elle brise le mythe de l’invincibilité des tercios et de l’armée impériale.
Politiquement, elle attire de nouveaux alliés vers Gustave Adolphe et consolide le camp protestant.
Psychologiquement, elle redonne espoir à une population protestante traumatisée par des années de défaites et de massacres.
Mais les civils, eux, continuent de souffrir. Les combats laissent derrière eux des campagnes ravagées. Les cadavres non enterrés propagent les maladies. Les survivants, paysans ruinés, voient leurs villages transformés en campements pour les armées victorieuses. Même une victoire éclatante, comme celle de Breitenfeld, signifie famine et insécurité pour ceux qui habitent la région.
Une nouvelle ère
Après Breitenfeld, la Suède devient une puissance incontournable. Gustave Adolphe n’est plus seulement un roi nordique : il est désormais le champion du protestantisme européen. La guerre de Trente Ans entre dans une nouvelle phase, plus large, plus destructrice encore, où les équilibres politiques sont profondément bouleversés.
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