Pompée le Grand : Le Dernier Acte d’un Héros Romain dans les Eaux d’Alexandrie

 48 av. J.-C. — Wikipédia

L’année est 48 av. J.-C.. Le monde romain est en ébullition, déchiré par une guerre civile où deux des plus grands hommes de Rome, Jules César et Pompée le Grand, ont vu leur alliance autrefois glorieuse se transformer en une rivalité implacable. Le 28 septembre, dans les eaux troubles d’Alexandrie, se joue la dernière tragédie d’un héros romain. Pompée, celui qui avait conquis l'Orient et étendu les frontières de Rome, est assassiné, victime de l’ingratitude des hommes et de la cruauté du pouvoir.

Pompée, autrefois surnommé le Magnus – le Grand – avait connu des triomphes éblouissants. Il avait combattu en Espagne, mené des campagnes victorieuses contre les pirates de Méditerranée, et mis fin aux ambitions du royaume séleucide. En tant que membre du Premier Triumvirat, il avait partagé le pouvoir avec César et Crassus, façonnant le destin de la République romaine. Mais la mort de Crassus et la montée en puissance de César avaient fissuré cette alliance fragile, transformant deux amis en ennemis jurés.

Après la défaite de Pompée à la bataille de Pharsale en Grèce, face aux légions de César, il ne lui restait plus qu'une option : la fuite. Le général déchu, avec quelques navires et une poignée de fidèles, se dirigea vers l'Égypte, espérant y trouver refuge. L'Égypte, dirigée alors par le jeune roi Ptolémée XIII, semblait une terre amie. Après tout, c'était à Pompée que Ptolémée devait en partie la restauration de sa dynastie, et il pensait y trouver la sécurité.

Mais le destin a souvent un sens cruel de l’ironie. Tandis que Pompée approchait des rivages d'Alexandrie, il ignorait que les intrigues politiques s’étaient déjà refermées sur lui. Ptolémée, influencé par ses conseillers, craignait de déplaire à Jules César, alors en pleine ascension. Pour se placer du bon côté de l’histoire, il prit la terrible décision de trahir Pompée, pensant offrir à César la tête de son ennemi comme un trophée. Le plan était simple et sinistre : Pompée devait être éliminé avant même de poser pied à terre.

Lorsque le navire de Pompée accosta sur la côte égyptienne, une barque l’attendait. Sur cette barque se trouvaient des hommes au regard sombre, envoyés par Achillas, le commandant de l'armée de Ptolémée. Ils l’invitèrent à les rejoindre. Pompée, conscient des risques mais trop épuisé pour reculer, monta dans la petite embarcation. Alors que la barque s’éloignait du grand navire romain, un silence pesant s'abattit. Les regards se détournèrent, et ce fut dans ce moment suspendu que le poignard jaillit.

Les meurtriers frappèrent avec une froide détermination. Pompée, ce héros des batailles, cet homme qui avait été acclamé par le peuple romain, tomba sans bruit dans les eaux égyptiennes. Sa tête fut tranchée, son corps laissé à la mer, dans une ultime humiliation. Un simple esclave recueillit son corps pour lui offrir une crémation modeste sur la plage.

Quand Jules César arriva en Égypte peu après, il fut présenté à la tête de son ennemi. Mais là où Ptolémée espérait trouver des louanges, il ne trouva que dédain et tristesse. César, bien qu’ennemi de Pompée, pleura la mort de celui qui avait été son gendre, un ancien compagnon d'armes et un citoyen romain. La vision de cette tête mutilée n’évoquait plus la victoire, mais le prix terrible de la guerre civile et la déchéance de la grandeur romaine.

Ainsi se termina la vie de Gnaeus Pompeius Magnus, dans un silence brisé seulement par le ressac des vagues d'Alexandrie. Ce héros de la République, trahi par ceux qui voyaient en lui un simple pion du jeu politique, sombra dans la légende. Sa mort ne fut pas seulement la fin d’un homme, mais le symbole de la chute de la République elle-même, emportée par la violence et l’ambition des hommes.


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