1797 : Le Coup d'État du 18 Fructidor An V – Une Manœuvre Décisive pour Sauver la République

4 septembre 1797 - Coup d'État de Fructidor - Aujourd'hui, l'éphéméride d 'Archimède 

Salut à tous les passionnés d’histoire ! Aujourd’hui, on se plonge dans un épisode crucial mais souvent méconnu de la Révolution française : le coup d'État du 18 fructidor an V. Le 4 septembre 1797, le Directoire, sous la menace croissante des royalistes et des jacobins, décide de frapper fort pour sauver la République. Préparez-vous pour une plongée détaillée dans les coulisses de ce coup de force, qui marqua un tournant dans l’histoire politique de la France révolutionnaire.

Contexte : Une République en Crise

En 1797, la République française est en pleine tourmente. La Révolution, qui avait commencé huit ans plus tôt avec l’espoir de fonder un nouvel ordre politique, est loin d’avoir apporté la stabilité espérée. Après la chute de la monarchie et la période de la Terreur, la Constitution de l’an III instaure en 1795 un nouveau régime politique : le Directoire.

Le Directoire est un régime à la fois exécutif et législatif, conçu pour éviter les excès de la Terreur et prévenir un retour à la dictature. Il se compose de deux Conseils (le Conseil des Anciens et le Conseil des Cinq-Cents) et d’un Directoire exécutif de cinq membres. Cependant, ce système, censé garantir l’équilibre des pouvoirs, est rapidement mis à mal par les divisions politiques profondes qui agitent le pays.

D’un côté, les royalistes, revigorés par les victoires électorales récentes, cherchent à restaurer la monarchie, notamment en ralliant les anciens partisans de Louis XVI et ceux qui, par dépit ou pragmatisme, veulent en finir avec la Révolution. De l’autre côté, les jacobins, bien que décimés après la chute de Robespierre en 1794, sont toujours actifs et prônent un retour à une république plus radicale. Entre ces deux camps, le Directoire doit jouer un jeu d’équilibriste pour préserver une république modérée.

Les élections de l'an V (1797) montrent la montée en puissance des royalistes : ils obtiennent une majorité relative dans les Conseils et parviennent à faire élire François de Barthélemy, un modéré perçu comme favorable à la cause royaliste, au Directoire. Cette situation inquiète les républicains radicaux, qui craignent un retour progressif à l’Ancien Régime.

Les Premices du Coup d'État : La République en Péril

Face à cette menace, trois des cinq directeurs – Paul Barras, Jean-François Reubell, et Louis-Marie de La Révellière-Lépeaux – décident qu’il est temps d’agir. Barras, en particulier, est un vétéran des intrigues révolutionnaires et voit dans la montée en puissance des royalistes un danger mortel pour la République. Il s'allie discrètement avec les généraux républicains, dont le général Lazare Hoche, pour préparer un coup d'État. Hoche, déjà un héros de la République pour ses victoires militaires, est un républicain convaincu et se montre déterminé à soutenir le Directoire.

Dans le même temps, la situation militaire reste précaire. La France est toujours en guerre contre les monarchies européennes, et une victoire royaliste pourrait changer la donne en faveur des ennemis de la République. Le Directoire ne peut pas se permettre de laisser les royalistes prendre le contrôle, d’autant plus que certains d’entre eux sont en contact avec les puissances étrangères, notamment l'Angleterre et l’Autriche.

Le Déroulement du Coup d'État du 18 Fructidor

Le matin du 18 fructidor (4 septembre 1797), le plan est mis en action. Les troupes fidèles à Barras et aux autres directeurs républicains, dirigées par le général Augereau, occupent les points stratégiques de Paris. L’armée, qui reste largement républicaine, suit les ordres sans hésitation, convaincue qu’il s’agit de protéger la République contre une menace interne.

Le Palais du Luxembourg, siège du Directoire, est sécurisé par les soldats, de même que le Palais Bourbon, où se réunit le Conseil des Cinq-Cents. À l’aube, plusieurs députés royalistes influents sont arrêtés, dont le célèbre général Pichegru, ancien héros de la Révolution devenu l’un des chefs de file des royalistes. Les directeurs décident également d'arrêter leur collègue Barthélemy, qu'ils accusent de collusion avec les royalistes.

L'armée occupe les rues de Paris, et tout soulèvement est étouffé dans l’œuf. Les Conseils, sous la pression des baïonnettes, sont contraints de valider les décrets du Directoire : 177 députés royalistes sont déchus de leurs fonctions, et 65 d'entre eux sont déportés en Guyane, un exil qui équivaut souvent à une condamnation à mort en raison des conditions inhumaines qui y règnent. Les élections de l’an V sont en partie annulées, et les Conseils sont purgés de leurs éléments royalistes et jacobins.

Conséquences du Coup d'État : Une Victoire à Court Terme

Le coup d'État du 18 fructidor est un succès immédiat pour le Directoire républicain. La République est sauvée des griffes des royalistes, du moins temporairement. Les républicains modérés retrouvent le contrôle des institutions, et les éléments les plus réactionnaires sont écartés. Cependant, cette victoire a un coût élevé.

En réprimant ainsi violemment ses adversaires, le Directoire se montre prêt à utiliser les mêmes méthodes que celles de la Terreur, qu’il était censé remplacer. La répression est brutale : les journaux royalistes sont fermés, la liberté de la presse est restreinte, et les libertés individuelles sont largement mises entre parenthèses. Le régime, qui devait incarner une république modérée et équilibrée, montre son vrai visage : celui d’un pouvoir prêt à tout pour se maintenir, même au prix de la légitimité démocratique.

À long terme, le coup d'État du 18 fructidor affaiblit le Directoire, qui devient de plus en plus dépendant de l’armée pour se maintenir au pouvoir. Cette militarisation progressive du régime ouvre la voie à une nouvelle forme de pouvoir autoritaire, qui se concrétisera en 1799 avec le coup d'État du 18 brumaire an VIII par un certain général Bonaparte. Ironiquement, en cherchant à sauver la République, le Directoire ne fait que précipiter sa chute en renforçant les forces qui finiront par la subvertir.

Conclusion : Le 18 Fructidor, un Prélude à la Fin du Directoire

Le coup d'État du 18 fructidor an V est un moment clé de la Révolution française, un épisode qui montre la fragilité des régimes politiques nés dans les soubresauts révolutionnaires. Ce coup de force, s’il a permis de sauver la République à court terme, a également jeté les bases de son futur effondrement en accentuant la division politique et en érodant la légitimité du Directoire.

Pour les historiens, le 18 fructidor est une leçon sur les dangers de l’extrémisme politique et sur la manière dont les régimes, même républicains, peuvent se transformer en pouvoirs autoritaires sous la pression des événements. C’est aussi un avertissement sur les conséquences des divisions internes dans un contexte de guerre et de crise.

Voilà, les amis, une plongée dans l’un des coups d'État les plus significatifs de la Révolution française. Le 18 fructidor an V est un rappel des défis auxquels la jeune République a dû faire face pour survivre. Si cet articlevous a captivé, n’oubliez pas de partager. On se retrouve bientôt pour un nouveau chapitre de l’histoire!

Commentaires