1721 : Le Traité de Nystad, Épilogue de la Grande Guerre du Nord

 Le traité de paix de Nystad (1721) a fait l'objet d'un colloque en France –  Places of Peace

Imaginez les vastes plaines enneigées du nord de l’Europe, où pendant plus de vingt ans, les armées de puissants royaumes se sont affrontées dans un ballet incessant de batailles et de sièges. C’était la Grande Guerre du Nord, une guerre qui, comme un souffle glacial, avait balayé les contrées scandinaves, les terres russes et les côtes de la mer Baltique. Elle marqua l’effondrement de l’hégémonie suédoise et l’émergence d’une nouvelle puissance : la Russie de Pierre le Grand.

Le 30 août 1721, dans la petite ville de Nystad, située au bord de la mer Baltique, se jouait l’un des derniers actes de cette épopée militaire. Dans une salle discrète, loin du fracas des armes, les émissaires suédois et russes se faisaient face pour signer un document qui changerait à jamais le cours de l’histoire de l’Europe du Nord. Ce traité de Nystad, scellé dans la froideur des négociations diplomatiques, allait mettre fin à plus de deux décennies de guerre entre la Suède et la Russie, redessinant les frontières de la Baltique.

À l’origine de ce conflit titanesque, Charles XII, le roi guerrier de Suède, dominait la région avec une armée redoutée. Mais le tsar Pierre Ier, mieux connu sous le nom de Pierre le Grand, avait d’autres ambitions. Il rêvait de moderniser la Russie et de l’ouvrir sur la mer Baltique. Ce rêve allait se transformer en guerre, une guerre longue, épuisante, où les hivers rigoureux et les batailles sanglantes allaient peu à peu user la Suède, pourtant jadis invincible.

La guerre atteignit son tournant en 1709, lors de la bataille de Poltava, où l’armée suédoise, écrasée par les forces russes, perdit l’initiative. À partir de ce moment, la Suède n’allait cesser de reculer, abandonnant forteresses et provinces une à une. La Russie, quant à elle, prenait de l’ampleur. Saint-Pétersbourg, fondée en 1703, devenait le joyau de l’empire russe, une fenêtre ouverte sur l’Occident et les mers.

Mais les négociations qui aboutirent à Nystad n'étaient pas une simple capitulation. Le roi suédois, Charles XII, bien qu’affaibli et exilé, espérait encore. Il fallut des mois de discussions pour que la Suède accepte de céder ses provinces baltes, l’Estonie, la Livonie, l’Ingrie et une partie de la Carélie à la Russie. En échange, Pierre le Grand rendit à la Suède la Finlande qu'il avait conquise, permettant ainsi à la couronne suédoise de conserver une partie de son honneur.

Le traité de Nystad marqua la fin de la Grande Guerre du Nord et le début de l’âge d’or de la Russie. La Suède, autrefois maîtresse des mers, allait désormais se replier sur elle-même, tandis que la Russie, triomphante, devenait une puissance européenne de premier plan, avec un pied fermement ancré sur les rives de la Baltique. Pierre le Grand avait accompli son rêve : la Russie était désormais une grande nation maritime, prête à jouer un rôle décisif dans l’histoire européenne.

Ainsi s’acheva, dans le calme feutré de Nystad, un des conflits les plus décisifs de l’histoire nordique. Le vent de l’histoire soufflait désormais vers l’est, et la mer Baltique, autrefois dominée par la Suède, allait désormais être le théâtre de l’influence russe pendant des siècles.

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