En cette fin de XVIIe siècle, l’Europe est plongée dans une lutte acharnée pour la domination territoriale et religieuse. La puissante monarchie des Habsbourg et l’Empire ottoman, deux colosses aux ambitions opposées, se livrent une guerre sans merci. La deuxième guerre austro-turque (1683-1699) secoue les Balkans, où se déroulent de terribles batailles qui décideront du sort de l’Europe centrale.
Le 11 septembre 1697, près de la ville de Zenta, sur les rives du fleuve Tisza, une bataille décisive éclate. À la tête des forces impériales autrichiennes se trouve un des plus grands généraux de son époque, le prince Eugène de Savoie, jeune commandant militaire, mais déjà connu pour son esprit tactique brillant. Face à lui, l’armée ottomane du sultan Mustafa II, forte de dizaines de milliers d’hommes, avance avec l’objectif de reconquérir ses territoires perdus et d’imposer sa domination sur la Hongrie.
Le sultan, confiant dans sa supériorité numérique et dans la puissance de ses janissaires, décide de traverser la rivière Tisza pour surprendre les forces impériales. Mais c’était sans compter sur l’œil attentif d’Eugène de Savoie. Ce dernier, observant les mouvements maladroits et mal coordonnés de l’armée ottomane, voit une opportunité unique pour frapper fort et vite.
Le 11 septembre, les Ottomans sont en pleine traversée de la rivière. La moitié de l'armée a déjà franchi le pont temporaire qu’ils ont construit, quand soudain, Eugène ordonne l'attaque. Il lance une charge dévastatrice sur les troupes encore en pleine traversée, les prenant totalement au dépourvu. L’artillerie autrichienne pilonne sans relâche les troupes ottomanes, tandis que la cavalerie fonce sur les soldats qui tentent désespérément de s’organiser.
Le chaos est total. Coupés en deux, les Ottomans ne peuvent ni se regrouper ni résister efficacement. Le pont, cible des tirs autrichiens, s'effondre, piégeant des milliers de soldats turcs qui tentent de traverser. Beaucoup sont tués, et encore plus sont précipités dans les eaux sombres de la Tisza, où ils se noient.
La bataille se transforme rapidement en une déroute. En moins de deux heures, l'armée ottomane est anéantie. Des milliers de soldats turcs périssent, y compris plusieurs hauts dignitaires de l'Empire, tandis que le sultan Mustafa II échappe de peu à la capture.
La victoire autrichienne à Zenta est totale et écrasante. Plus de 30 000 Ottomans sont tués ou capturés, contre à peine 500 pertes du côté des Autrichiens. Cette défaite humiliante pour les Ottomans brise leur capacité à reprendre l’offensive, précipitant la fin de la guerre et la signature du traité de Karlowitz en 1699, qui met fin à des siècles d’expansion ottomane en Europe.
Eugène de Savoie est acclamé pour son génie militaire, et la bataille de Zenta devient l’un des symboles de la résistance de l’Empire des Habsbourg face à la menace ottomane. Cette victoire consacre également la montée en puissance de l'Autriche en Europe centrale et prépare le terrain pour une nouvelle ère d'hégémonie impériale.
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