1400 : Owain Glyndŵr, le dernier dragon du Pays de Galles, est proclamé prince rebelle

 

En l'an de grâce 1400, dans les collines verdoyantes du Pays de Galles, un vent nouveau se lève. Ce vent, chargé de fierté et de colère, souffle du cœur des vallées et porte un nom : Owain Glyndŵr. Ce jour-là, un homme est proclamé prince de Galles, non par la grâce d’un roi, mais par la volonté de son peuple. Ce moment marque le début de l’une des révoltes les plus héroïques et tragiques de l’histoire galloise, où la liberté devient un cri de guerre.

Owain Glyndŵr n’est pas un simple chef de clan ou un guerrier ordinaire. Né dans une famille noble galloise, il a reçu une éducation raffinée, maîtrisant les subtilités de la loi et de l’art de la guerre. Pourtant, sous ses airs de gentilhomme cultivé, brûle une flamme inextinguible : celle du dragon rouge, symbole ancestral du Pays de Galles. À l'époque, le Pays de Galles est sous le joug de la couronne d'Angleterre depuis plus d’un siècle, et l'étouffement de la culture galloise, la marginalisation de sa noblesse et la confiscation des terres ne font qu’exacerber les tensions.

Le 16 septembre 1400, dans un geste aussi audacieux que désespéré, Owain Glyndŵr, descendant des princes gallois, se dresse contre l’ordre établi. Depuis sa forteresse de Glyndyfrdwy, devant une assemblée de nobles fidèles et de paysans en colère, il est proclamé Tywysog Cymruprince de Galles. Ce titre, qui avait été autrefois celui des grands princes gallois comme Llywelyn le Dernier, revêt désormais un caractère de défi. En ce jour, la guerre contre l’Angleterre prend un visage humain : celui d’un homme déterminé à libérer sa patrie.

Les feux de la révolte se répandent rapidement dans tout le Pays de Galles. Sous la bannière du dragon rouge, les Gallois se lèvent, armés de faux et de lances, pour défier la domination anglaise. Les châteaux, symboles de l’autorité royale, tombent les uns après les autres sous les assauts des partisans de Glyndŵr. Henry IV, fraîchement couronné roi d'Angleterre, est furieux. L'armée anglaise, massive et implacable, est envoyée pour écraser cette rébellion naissante, mais Glyndŵr, fin stratège, utilise à merveille le terrain accidenté de son pays pour lancer des embuscades dévastatrices.

Glyndŵr n'est pas seulement un chef militaire. Il rêve d'un Pays de Galles libre, où les Gallois pourraient retrouver leur indépendance perdue. En 1404, il convoque un Parlement gallois à Machynlleth, un acte de défiance extraordinaire. Dans ses plans, il imagine un Pays de Galles où l'éducation et la culture brilleraient à nouveau, où l'Église serait libre de l'influence anglaise. Il conclut même des alliances avec des puissances étrangères, notamment avec la France, dans l'espoir d’affaiblir le pouvoir d'Angleterre.

Mais le rêve de Glyndŵr est fragile. Après des années de guerres incessantes, l’Angleterre, avec ses ressources infiniment supérieures, reprend peu à peu le contrôle. Les alliés se font plus rares, les soutiens plus épars. En 1410, la révolte commence à s’essouffler, et Owain Glyndŵr, autrefois maître des collines, disparaît dans les brumes du mythe. Certains disent qu’il est mort dans l’anonymat, d’autres prétendent qu’il vivait caché, attendant son heure.

Owain Glyndŵr, cependant, ne fut jamais capturé. Sa révolte échoua, mais son nom devint légendaire. Il est le dernier prince gallois à avoir défié l’Angleterre, le dernier à avoir osé rêver d’un Pays de Galles libre. Aujourd'hui encore, son esprit demeure un symbole de résistance et de fierté pour les Gallois, un rappel de ce temps où, sous les collines verdoyantes et les cieux changeants, un prince rebelle osa se dresser contre un empire.


Commentaires